Thème de cet atelier :
1/ Vous êtes passager clandestin sur un voilier participant au Vendée Globe..Racontez votre aventure
2/Pour respecter la tradition de la rentrée : Racontez votre rentrée
Et un sujet pour tous : Ecrire un tanka, poème japonais de 5 lignes selon un rythme de 31 syllabes.
UN PASSAGER CLANDESTIN SUR LE VENDEE GLOBE
J'en avais marre de zoner sur le port. Chaque jour à glaner ma pitance avec toute cette bande crade et grouillante. Alors cette nuit-là, j'ai quitté le 3ème sous-sol du hangar puant et délabré où avec les potes nous avons l'habitude de nous terrer.
Je m'disais que si j'arrivais à monter sur un de ces bateaux amarrés aux pontons, j'trouverai surement quelque chose de meilleur à grailler que c'que le quotidien voulait bien nous offrir habituellement. A cette heure de la nuit, le port était désert et il m'a alors été facile de monter à bord d'un rafiot. Quand je dis rafiot, c'était plutôt un sacré voilier. Une longueur j'te raconte pas et un mât qui montait jusqu'au ciel. Evidemment, avec mon flair, j'ai rapidos trouvé la réserve de bouffe. Pleine qu'elle était, pleine à ras la gueule. Pour ma sécu, on n'sait jamais, je m'suis faufilé tout au fond et pu commencer mon festin. J'm'en suis tellement mis dans la panse que, ben ouais, j'me suis endormi, comme ça, sur place.
Quand je m'suis réveillé, sentant que le bateau bougeait, je suis sorti discrètement sur le pont voir c'qui s'passait. Putain, on était en pleine mer. Je voyais un marin debout, en train de bricoler je n'sais quoi à l'avant du rafiot. Apparemment il était seul à bord. N'étant pas question de m'faire repérer, je m'suis vite replié dans le fond du garde-manger. Là, alors que j'me la coulais douce en attendant que le bateau rentre au port, j'entendis le marin parler. Je croyais qu'il était seul à bord le mec ! Mais non, il était en communication-radio le gazier. J'écoutais la conversation quand tout d'un coup j'entends un de ses potes lui dire : « Bon Charlie, on te laisse et on te souhaite tous une bonne course autour du monde, bonne mer !» Quoi ? Course autour du monde ? Autour -du -monde ? Mais j'vais rentrer quand ? Et si le Charlie en question me coince, j'vais finir dans la panse d'un requin moi ! Eh ben mon gars, il va falloir prendre ton mal en patience et te faire discret un max si tu veux un jour revoir tes potes.
Le deuxième jour, le bateau a commencé à méchamment remuer. Il montait, il descendait, il tanguait dans tous les sens. Et ma tête qui tournait, qui tournait. Et mon bide qui faisait des nœuds. Et, tu l'devines, j'ai gerbé, gerbé toutes mes tripes à n'en plus finir. A l'exception de quelques jours de mer calme, j'étais tout le temps balloté dans le fond de ma planque. Malade à crever, à gerber. J'étais à peine capable de grailler. Un calvaire dont je ne voyais pas la fin. Mais il le terminera quand son tour du monde ce con de Charlie ? J'n'en peut plus moi, j'vais canner ici si ça continue.
Et puis un jour, alors que j'émergeais de mon sommeil nauséeux, j'entendis des cris. Des « hourra ! », des « bravo ! » et autres cris de liesse. Sûr, on était enfin de retour. Rongeant mon impatience, j'attendis le calme de la nuit avant de mettre mon museau dehors et de quitter ce satané rafiot. Ah ! quel bonheur de retrouver enfin mon port. Sauvé, j'étais sauvé.
J'te l'dis-moi, la vie d'un rat, c'est bien d'avoir les quatre pattes sur la terre ferme
TANKA
L’Europe brûle
Terrible canicule
Un peu de rosée
Mon jardin est épargné
Je suis très privilégiée